Que vous entriez dans l’univers de Meziani par la rencontre avec l’artiste lui-même ou avec ses œuvres, vous serez subjugué. Vous essaierez de comprendre ce qui vous attire tant dans ce monde qui exprime la couleur comme vous ne l’aviez encore jamais vue. Vous allez peut–être chercher du sens, interroger l’artiste sur les symboles qu’il utilise : le 1, les chiffres, le marabout à bout rond, ou pointu, son bleu, son rouge et son orange. Vous insisterez pour comprendre ce bleu étonnant, que votre œil n’avait jamais repéré et il vous répondra que c’est un bleu unique que l’on discerne à l’horizon à la jonction entre le ciel et la mer. La texture velouté de sa peinture lui donne une puissance et une vibration sans commune mesure avec les bleus connus : c’est le bleu « Meziani ». Vous réaliserez alors qu’il va vous faire découvrir une réalité que vous croyiez si bien connaître. Vous voudrez comprendre quelles sont ses influences, sur quelle nature ses yeux se sont ouverts, dans la région des Aurès, dans laquelle il a évolué, du Chaouis au Niçois, les peintres qui l’ont guidé, Chagall, Rothko, Matisse... Et vous saurez, au fur et à mesure de vos découvertes, qu’au delà du sens, c’est bien de sensations qu’il s’agit. Cette émotion pure que l’on ressent à la vue du Beau. Ce bien-être à côtoyer un artiste possédant à la fois une énergie hors du commun et une élégance de l’âme rare. Cette combinaison s’exprime dans son œuvre. La force de la couleur, l’élégance de la feuille d’or, associée à la simplicité et l’humilité presque mystique de ce créateur qui signe ses toiles toujours au dos. Ses toiles vivent, leur matière les relie aux lumières du jour et de la nuit, qui en modifient la perception. Ces œuvres animées par le rythme de la vie, entrainent leur spectateur dans une méditation, élevant ainsi leur spiritualité. Meziani parle à tous, transcende les artificielles barrières socio-culturelles, parce que l’Harmonie issue de la Beauté est universelle et intemporelle.
Pour la philosophe Simone Weil, « L’art est une tentative pour transporter dans une quantité finie de matière modelée par l’homme une image de la beauté infinie de l’univers entier. Si la tentative est réussie, cette portion de matière ne doit pas cacher l’univers, mais au contraire en révéler la réalité tout autour ».
Karim Meziani maîtrise parfaitement ce transfert de l’impalpable couleur en matière, pour notre bonheur.
L.Albano
La peinture de Karim Meziani est une densité qui fait danser les couleurs.
Son art est lié à cette spiritualité, au sacré et à la méditation.
C’est à travers sa peinture que l’on entre dans son monde qui nous transporte dans un long voyage de sérénité et d’émotions.
Son œuvre est une véritable poésie, elle nous enchante et nous fait rêver.
Le travail de la feuille d’or sur ses toiles c’est pour témoigner de cette éternité inaltérable et riche d’émotions.
Karim Meziani reste un éternel nomade , on voyage avec lui au travers de sa peinture et c’est un cheminement vers la beauté du pigment, intense et absolu
B.Bondoux-Verhille
a voyage to the land of the Berbers!
I don’t know you, Mr. Méziani, and yet, looking at your canvases is like looking back into my own memories. They seem to offer a voyage into eternity, vastness and the galaxy. I imagine that, in another life, on another planet, you have already met us mere earthlings, and told us the story of your people, who, all of a sudden, rise up again to flood us with their beauty and move us by their fragility.
During our interview, you evoke your meeting Chagall at the faculty two years before his death, and arrival in France from your native Algeria at the age of 16 to study painting. After a short stay at the Villa Arson, you spent a few years at the faculty of literature to study the history of art, which has been a passion for you since childhood.
“I began painting when I was 13, working in the dark using olive oil and gouache. I painted Buddha in blue because it represents the confrontation of colors, it develops, deforms and travels. I complement it by the use of gold leaf.â€
Lets talk about the gold leaf, a common denominator in your pictures, as if it occupied the tabernacle of your tent, swaying in a fragile universe, like a meeting point. I understand, as you have probably understood for centuries, that it’s not the commercial value of this gold that is important, as this concept is alien to your philosophy of life, but the values that you hold so dear; meeting people, the passion for art, the esthetic beauty of painting and maybe, subconsciously, the idea that nomadic people carry their gold (the women their bracelets) and their history wherever they go.
You are Berber of origin but have become firmly attached to Nice; “I was born in the town of Batna, in the Orasses, where the people are hard and proud and blood must flow to repair a wrongdoing. France is a magnificent country that welcomed me with open arms when I realized Algeria was racing towards catastrophe.â€
To earn a living, Karim became a forger, «For a short time I copied works and sold them but then I took a workshop in Nice and decided to do my own paintings. I wanted to use blue but the problem was that Klein had monopolized the colour; how can anyone monopolize the colour of the sea and the sky? It seemed senseless, so I decided to take it a step further and develop my own pigments, which I bought in Italy and used to create a very different blue »
A stroll though your work opens up very personal perspectives. Your blue is a beautiful country, inviting us to explore, the story of a legend, a night sky peopled with golden stars, a firmament of unsuspected adventures, a maze of emotions never to be satisfied. Your blue, Mr Meziani, is a never-ending quest for the joy of living a balanced life, on the border of good and evil, the hope of an intimate voyage to the depths of the history of a people in perpetual movement. Perhaps your blue is you.
« An artist is chosen by painting and invaded by it’s passion; it’s an illness, something very strong, that comes from inside.
So, Mr. Meziani, if you don’t mind, we will admire your paintings.
Karim Meziani is exhibiting at the Foundation from September 26th to October 7th 2012.
Janny Plessis Lumeau
Karim MEZIANI
Karim Meziani, un voyage au pays des Berbères !
On ne se connaît pas Monsieur Meziani, et pourtant à regarder vos toiles, j’ai puisé dans mes souvenirs. Il me semble que le voyage que vous proposez est celui de l’éternité, de l’immensité, de la galaxie. Je suppose que dans une autre vie, sur une autre planète, vous nous avez déjà rencontrés, nous les terriens, que vous nous avez déjà raconté l’histoire millénaire de votre peuple, qui tout d’un coup surgit à nouveau, nous éclabousse de sa beauté, nous émeut de sa fragilité.
Alors bien sûr lors de notre entretien vous m’avez expliqué avoir rencontré Chagall à la Fac de Lettres, deux ans avant sa mort, que vous étiez arrivé de votre Algérie natale, bac en poche à 16 ans à peine, pour étudier la peinture. Un bref séjour à la Villa Arson, et quelques années à la Fac de Lettres pour comprendre l’histoire de l’art, qui vous passionnait depuis l’enfance.
« J’ai commencé à peindre dans le noir ( chez ma gand-mère dans une petite dépendance) avec comme base juste de l’huile d’olive et de la gouache, alors que j’avais 13 ans. Je peignais une photo de Bouddha en bleu, car le bleu est la confrontation des couleurs et se développe, se déforme, voyage. Je l’associe à la feuille d’or »
Parlons- en de la feuille d’or présente sur toutes vos toiles, comme si elle habitait le tabernacle de votre tente qui oscille dans cet univers fragile. Comme la valeur sure, le point de ralliement, alors je sais ,vous connaissant vraisemblablement depuis plusieurs siècles ,que ce n’est pas la valeur marchande de cet or qui vous passionne, non bien loin de là est votre philosophie de la vie, mais bien les valeurs auxquelles vous tenez, les rencontres humaines, la passion de l’art, la beauté esthétique de la peinture, et peut-être aussi inconsciemment, cette idée que les peuples nomades qui ne possèdent rien emmènent leur or (les femmes leurs bracelets) et leur histoire dans leurs déplacements.
Car oui, vous êtes berbère, solidement accroché à Nice, « je suis né dans la ville de Batna, dans les Aurès, ce sont des gens fiers et durs avec de la noblesse dans les mots .
Pour gagner sa vie, Karim devient « faussaire » « C’est vrai que je copiais des Å“uvres et que je les revendais pour survivre, cette période a été de courte durée, j’ai pris un atelier à Nice, et j’ai décidé de faire mes tableaux, en bleu. Mais j’avais un problème à Nice car Klein s’était accaparé la couleur, peut-on s’accaparer le ciel, la mer ? Cela n’avait pas de sens, alors j’ai décidé d’aller plus loin, de fabriquer moi-même mes pigments, achetés en Italie et de créer un bleu bien différent »Â
Et il est vrai qu’une visite dans vos toiles nous ouvre des perspectives bien personnelles. Le bleu chez vous est un pays où il fait bon se promener, une légende dont vous racontez l’histoire, un ciel de nuit, peuplé d’étoiles d’or, un firmament d’aventures insoupçonnées, un dédale d’émotions à jamais inassouvies. Le Bleu chez vous Monsieur Meziani est une quête infinie du bonheur de vivre en équilibre, à la frontière du bien et du mal, à l’espérance d’un voyage intime au fin fond de l’histoire d’un peuple en mouvement.
Le bleu c’est vous, peut-être …
« Et moi je veux aller jusqu’au bout ,
un artiste est choisi par la peinture et il est atteint par sa passion, c’est une maladie, c'est quelque chose de fort et d'intense, pour moi tout se passe a l'interieur . »
Alors allez-y Monsieur Meziani, et si vous le permettez, nous, admirerons vos toiles.
Karim Meziani expose à la Fondation du 26 septembre au 10 octobre 2012.
Janny Plessis Lumeau
Karim Meziani marche avec ses mains - Période Bleue.
Meziani
ouvre des tiroirs, regarde ce qu'il y a dedans jusqu'au
fond du tiroir et passe aux autres tiroirs.
Il fouille, recherche archéologique dans un passé présent,
il canalise des symboles, les brassent, les secouent
un peu, et il simplifie dans la logique d'un monochrome
basé sur le rêve et la couleur. Pigments, or, sang, eau,
architecture, nature, désert, mirage, miracle sur des monobruts
entourés d'éléments de la vie. La nature et les cendres
brûlent sous le soleil.
Le soleil tape, il vous oblige à vous abriter pour rencontrer
la lumière et pénétrer l'histoire du désert, douceur
du sable, du bleu outre-mer ou rose carminé, du blanc
pur à l'or infini, du jaune ocre en vert oxyde et le rouge
qui brûle.
Quand le vent tombe le sable se dessine, fabrique des
grandes vagues en gigantesques drapeaux flottants sous
formes de couleurs, le soleil tape sur le système et Meziani
s'en tape du système.
Les cinq principes de la vie, les cinq raisons d'y croire,
à son origine, à son histoire, à sa valeur, à son ethnie et
à son instinct. La peinture demande résistance, si le nouveau
émerge, il est intéressant de le poursuivre pour l'évolution
de l'ancien.
V . marguerite
Karim Meziani
récompense une activité culturelle
reconnue
peintre non négligeable et un
doctorat de l'université de
Nice.
Connu grâce à de nombreuses
expositions, notamment
chez Lola Gassin,.Meziani
prépare actuellement une
présentation privée à l'Arénas,
des envois en Floride où une
galerie le compte parmi ses
peintres habituels et à Paris,
pour le thème" Les triptyques
sacrés ».
L'art de Meziani procède de
deux cultures, celle qu'il a acquise
lors de ses années d'études
en France et plus particulièrement
à Nice. et celle
innée, dont l'ouvertille dans le
domaine de la peinture fut
plutôt architecturale ou poé'tique;
assez raremenl fondée
sur l'image mais souveraine
dans ses genèsesmathématique.
Ainsi Meziani, artiste
contemporain dans l'acception
du terme, sait assembler et
exalter des couleurs avec largesse
de la proposition peut être
comme Rothko, Tapiès ou
Klein, en sachant doser les
proportions spatiales et en observant
méthodiquement leur
disposition par rectangles intégrés
et surperposés il joue
pour cela de la profusion de
gammes colorées, un bleu
passant du turquoise à l'outremer,
l'indien et le bleu de Prusse
ou encore de la même manière
des terres aux ocres
chauds, toute réalisation
précédée de nombreuses
études et d'analyses de pigmentations personnelles
conçues à l'atelier
Il sait aussi détenir de sa culture maghrébine l'image des créneaux de protection,
visibles
dans toute cité arabe, et
surtout celle des marabouts,
symboles de sagesse,
constuctions fondamentales
de cette philosophie.
Mais si ces supports personnalisent
une peinture abstraite
de forte densité, le recours au
langage du chiffre. élément
moteur de progression intelligemment
exploilé, permet
plastiquement le rythme, la variation
et une ambiance de
mystère quelque peu magique.
La constance, dans ces
somptuosités veloutées aux
tonalités intenses, d'un clin
d'oeil de la feuille d'or leur
confère une aura exceptionnelle,
la riche alliance de deux
spiritualités à mettre en évidence.
Michel GAUDET
Entretien avec Michel Gaudet.
Il Y a toujours la présence
de l'Or dans ta peinture,
considères.-tu l'or, qui est un
métal précieux, comme un
métal magique?
La présence de la feuille d'or
sur mes toiles oriente ma
peinture de plus en plus vers
le Sacré. C'est pour cela
entre le pigment et la feuille
d'or, tout s'équilibre. Le pigment
symbolise la terre et l'or
symbolise ce précieux métal
que toutes les civilisations
ont utilisé pour immortaliser
leurs divinités et qui est un
matériau inaltérable et précieux
avec le temps. Je ne
cherche pas à mettre l'or
dans une démarche esthétique
seulement pour
l'équilibre visuel de mon travail.
Cette notion de sacré dépend-elle chez
toi d'une analyse, d'un processus personnel,
ou bien est-ce un reflet de la
culture maghrébine à laquelle tu appartiens?
Au départ, c'est un processus personnel.
Avec la maturité de ma peinture, la place
de l'or a contribué à identifier ma démarche
picturale. Donc pour moi, l'or n'est ni
maghrébin, ni musulman, ni hindou. L'or,
c'est le matériau de toutes les civilisations
qui donne à chacune d'elles la notion de
sacré. Cela veut dire atteindre la foi ou
l'infini par la beauté de ce matériau qui
reflète la richesse de l'âme.
Dans la peinture musulmane, il y a
beaucoup d'esthétisme.
L'acte pictural pour toi est-il quand
même un acte religieux?
Mon atelier est un lieu que j'estime
« Sacré " car il me demande, à moi et Ã
ma façon d'aborder mes toiles, silence et
recueillement. Certains artistes de
l'époque médiévale à nos jours ont dans
leurs peintures une démarche religieuse,
or la peinture, c'est comme la foi : on
adhère et on s'accomplit à travers elle.
Comment commences-tu Ã
composer un tableau?
D'abord une idée, ensuite l'état
du moment. Je dépose dans
mon atelier cette envie, cette
passion, pour trouver le fil
conducteur de cette idée-là qui
n'est pas encore aboutie. Pour
moi, c'est la naissance de
quelque chose que je ne
contrôle pas. Si je dois contrôler
ce que je vais faire, je ne
peux rien faire car c'est un
véritable combat entre le
départ de quelque chose et
aller jusqu'au bout pour savoir
si je trouve une fin.
A partir de là , c'est une immersion
totale qui prend aux tripes
et qui demande une transformation
profonde de soi
il y a un côté égoïste car on crée aussi
pour les autres?
L'égoïsme chez un artiste est multiple car
l'artiste a un amour profond entre lui et son
oeuvre, il a un côté méditatif dans son atelier
et il a quelque chose de charnel et
puissant entre lui et sa passion.
Car un artiste " enfante " Ã chaque instant
et donc il est par nature enfermé dans son
égoïsme permanent.
Tu conclues ces égoismes par des
expositions Importantes?
Les expositions donnent naissance à une
autre vie de l'artiste, elles lui permettent de
dévoiler sa capacité à savoir gérer douleur-inquiétude-
égoïsme pour se confronter aux
autres dans cet art esthétique, celui qui se
résume simplement à la beauté.
... The emotion in front of a work of art confronts in the reality of the spirit.
A stage setting, the intensity of a color provokes in me a merciless fight
He settles down at once a road to be crossed(to be gone through) and the wish to make fortune of the concentration.
I attack as on a chessboard, the main resources of the life, I place them in the elements and I give them the sense of her
. Tradition and the history
The solitude, the color, the material the airemergent with for uniqueobsession, the silence ' wanted, the breath of the value and the tradition ' ancestral...
Fragments of an interview Meziani
Bleuir ta toile naissante
Comme un couteau que tu plantes.
Brosser l'imaginaire
Couvant sous tes paupières.
Cueillir le fruit de l'émerveillement
Dans ton éternel recommencement.
Grisé, tu travail ta matière
Qui dévoile sa lumière,
Tel un flux que tu transfusses.
En deversant ton bleu de Prusse
Enfant Chromatique de Klein,
Tu es homme de couleur à tons pleins.
Marie-christine
C'est une évidence, un peintre ne sait pas compter. Il n'a pas assez de doigt.
Pas assez de doigts pour compter les siècles qu'il pose sur la toile à son insu, le souffle des
sables qui fait avancer droit devant pourvu qu'on avance. Un artiste ça ne compte pas. Et si ça
compte, ça compte mal.
Karim MEZANI peint. Il façonne hors des frontières. Palette d'or à gogo qui lui vient d'un
pays où les roses sont poussière bien avant les hommes. Je le rappelle: un pays qui vaut de l'or
dans les mains des enfants, dans les chants des vieilles, dans l'amour à un, deux...trois.
Droit devant, la marche est longue et soudain une rencontre. Rencontre des rencontres. Face Ã
face avec le Sage qui attend sans attendre pour un don unique abreuvant à la racine.
Parole. Parole pour aller droit devant avec la mémoire gonflée à bloc comme des voiles. Longue
trdversée nocturne ou diurne, la poudre aux yeux et enfin, non pas une oasis, c'est n'op petit,
mais enfin le ciel limpide, source pour du pauvre, de la pierre, de l'ignorant et du sec.
Pour l'homme au coeur sec, plus dur que la pierre.
Je te nomme et je ne le devrais pas tellement on ne peut te saisir ni en photo, ni en mot. Je te
murmure.
Sophie BRAGANTI
KARIM MEZIANI
Le combattant du pigment
L'artiste Karim Meziani, participant au hors-série et à l'exposition autour des 150 ans
de la réunion de Nice et de la France, réalisés par les Amis de la Liberté et le Patriote,
présente à Talmont sur Gironde, des oeuvres aux odeurs méditerranéennes. Cet
artiste d'origine algérienne considère Nice comme la ville qui lui a donné naissance
artistiquement. Ainsi, c'est bien des deux côtés de la Méditerranée que l'homme et
son oeuvre se construisent. Travaillant sur le pigment, couleur à l'état brut, et à la
feuille d'or, ses tableaux sont empreints d'une humanité primaire. Celle qui traverse
les mers et les déserts. Sans doute, est-ce aussi grâce à ce côté artisanal de la fabrication
manuelle avec son tamis et ses différents passages de pigments avant
d'obtenir la couleur désirée, imaginée? Sa couleur, d'ailleurs, c'est le bleu - touareg
- mais on retrouve aussi des ocres, les rouges, et l'or évidemment dans ses créations.
Des couleurs qui rappelient ses origines car ce bleu est pour lui à la fois une
couleur mais aussi un sujet, symbole en Afrique des familles, tribus ou ethnies.
Un combat.
Ses créations sont spontanées et le vident intérieurement.·
« C'est un
< C'est un combat et je m'y donne profondément.>
La peinture est un acte, un engagement
pour lui. Ses tableaux débordent du cadre pour un prolongement spirituel et humaniste.
On plonge dans la profondeur de ces couleurs puis on est éclaboussé par son
or qui surgit soudainement. Comme une vérité au milieu de toutes ces interrogations.
Karim Meziani entraîne avec lui sensë:ition et émotion. Il y a dans ses oeuvres, une
brutalité naturelle à apprivoiser. Un cheminement de'pensée qu'il faut suivre,
analyser,
sentir,
toucher. ..
Pour sa dernière exposition dans la galerie Courcelle à Talmont, il ne voulait pas exposer
d'une manière traditionnelle mais que « l'on se balade autour» pour stimuler
l'oeil, l'esprit et les émotions. Créer une participation du spectateur avec les oeuvres.
Ainsi, celles-ci se composent de plusieurs toiles avec au milieu une rivière d'or qui les
relie. Mais le sens peut varier, s'échanger. Chacun pourrait imaginer Un agencement
différent car l'essentiel est ailleurs dans cette proposition artistique d'une recherche
intérieure qui apaise et élève l'esprit.
« Karim Meziani, Nice (Fr), working with pure pigments that he, in a thick paint surface with additions of collage materials such as (music) paper and gold leaf, used for its central data: the numbers 1 (the unique) and 0 (the infinite ) and the shape of the marabout, a tent-like house as a meditation spot in the desert. This results in brightly colored and varied images. »
C'est toujours à travers sa couleur préféré le bleu que l’artiste Karim Meziani nous fait découvrir son propre univers.
Singulier par la qualité, la richesse et la profondeur de ses travaux, karim Meziani nous dévoile ce que c’est l’art de peindre. S’il est des peintres algériens dont l’art ne serait que l’accomplissement d’un moi en proie aux pires déchirements existentiels, Karim en ferait partie. Car si l’art est plaisir et souffrance, expression et adhésion à l’altérité, une multitude d’artistes font corps avec cet espace si ambigu et dangereux qu’est l’image picturale.
Productivité acharnée, épuisement des mains et multiplicité de la matière sont des caractéristiques qui dévoilent amplement les différentes facettes de ce peintre pourtant, en apparence, livré à la linéarité de la création .Comme si chaque matière lui révélait les recoins enfouis de sa personne, les émotions encore en réserve dans les profondeurs inouïes du corps et de comportement.
Ses tableaux nous introduisent, effectivement , dans la strate la plus joyeuse de son être . Ils nous entrainent dans un voyage constant de la matière .La qualité technique installe l’artiste dans la machine du temps. Celle des pigments, euphoriques et fluides, l’intègrent dans la légèreté de l’être. Bleu ,jaune, orange et rouge se retrouvent ici dans des variations inlassables, au point de frôler le colorisme. Bleu et rouge, orange modèlent l’oblicité des formes et leurs cimes tranchantes.
On retrouve même une expérience gestuelle d’une force inégalable dans ces œuvres. Jeux de traces et désir de partage visuel. Les œuvres de Karim Meziani maintiennent un équilibre, une redécouverte de soi. Petits formats ou formats moyens, ces œuvres se multiplient, foisonnent, naissent d’un seul geste, au gré des instants, afin de créer le beau et le rendre abstrait . Ces œuvres sont donc l’instant furtif où le moi souffle une bouffée de liberté.
Ce que le peintre Karim a toujours contourné pour faire éclater sa propre réflexion qui a donné lieu, avec le temps, à un style bien à lui, démarqué et très spécial, où l’exploration de la matière, de la couleur est la principale cible de Karim.
Je voudrais conclure en disant que les œuvres de Karim font rêver, car ils émanent d’un grand créateur qui veut toujours expérimenter de nouvelles techniques, utiliser de nouvelles couleurs. Ses travaux portent indubitablement sa touche , c’est ce que j’appelle STYLE. ..
Madani Alaoui Khadija